Ecole du chiot : proposer une nouvelle approche ?

Les écoles du chiot actuelles :

Leur objectif est généralement d’éduquer les chiots avec 5 exercices de base, dispensés en 5 cours :

  • Assis, 
  • Couché, 
  • Refus d’appât, 
  • Rappel, 
  • Pas bouger.

 

Ce modèle répond malheureusement encore et toujours à un désir de contrôle de l’être humain envers l’animal. Et si le chien ne s’assied pas, l’humain n’hésite pas à forcer l’animal physiquement, même en cas de peur panique face à un congénère, un inconnu ou un objet…

Pour moi, c’est devenu intolérable et non constructif. J’ai vu tant de personnes demander un « Assis » à leur chien quel que soit le contexte, l’état émotionnel ou le stress de l’animal  que je refuse aujourd’hui d’apprendre ce comportement lors des cours de Maternelle* donnés sous l’étiquette du Centre du Bien-être Animal !

En tant que comportementalistes formés selon des données basées sur des études scientifiques, nous savons que des contraintes mal conditionnées et que l’utilisation du renforcement négatif associé à des punitions positives durant l’éducation du chien peuvent générer des comportements agressifs et augmenter par voie de conséquence un nombre non négligeable d’abandons, contrairement à l’utilisation du renforcement positif (cf. avis de l’ANSES ci-dessous).

« Les conditions de développement influent sur les apprentissages au jeune âge, la période de socialisation (de trois semaines à trois mois) étant une phase importante chez le chien pour acquérir les comportements appropriés pour vivre aux côtés des humains avec des risques limités de morsure.

Le bien-être, la santé mentale et physique du chien ont également été identifiés comme étant des facteurs de modulation des agressions.

L’atteinte au bien-être et les frustrations peuvent conduire à de l’agressivité. En effet, les conditions de vie de l’animal adulte jouent un rôle essentiel sur la manière dont il perçoit son environnement, et doivent permettre, autant que possible, que l’animal puisse satisfaire ses besoins et ses attentes.

Les interactions et la relation humain-animal sont des facteurs environnementaux modulant la probabilité d’émission de morsure.

 Relation humain-animal

La relation humain-animal se façonne au cours du temps, l’animal se construisant une représentation de l’humain plus ou moins positive ou négative, au fil des interactions. Les personnes interagissant avec l’animal, en réduisant les interventions agressives et en interprétant correctement les signaux émis par le chien, contribuent à la construction de relations avec les humains dont le bilan est, in fine, positif.

 L’étude de la bibliographie montre que le chien est capable de discriminer mais aussi d’apprendre à reconnaitre ses partenaires humains et de communiquer avec eux de façon spécifique, en fonction des expériences passées avec les personnes.

 Les techniques d’éducation sont également un facteur modulant la probabilité d’agression : l’utilisation du renforcement négatif et des punitions durant l’éducation du chien augmente les risques d’agression, contrairement à l’utilisation du renforcement positif. »

Avis de l’Anses.
Rapport d’expertise collective. Octobre 2020. Étude scientifique

Alors, à quoi ressemblerait une école du chiot dont l’objectif serait de diminuer le nombre de morsures et d’abandon ?

A un lieu où :

  • l’importance de la socialisation est pris en compte.
    En effet, une mauvaise expérience ou bien un manque d’expérience durant les 4 premiers mois peuvent conduire à des problèmes de comportement, incluant la peur, l’anxiété et l’agressivité.

  • un environnement adéquat est créé pour assurer la socialisation et la familiarisation dans de bonnes conditions :

– exposer les chiots avec des congénères de différentes races, tailles ou âges, des humains adultes ou enfants,
– des environnements diversifiés (urbain, semi-urbain),
– des surfaces différentes,
– différentes espèces animales,
– divers objets (fauteuil roulant, parapluie…),
en contrôlant et ne préservant que des expériences agréables.
La qualité prime sur la quantité…Pour respecter ces précautions, il est indispensable de connaître et reconnaître tout signal d’inconfort, afin d’éviter une immersion conduisant à une sensibilisation.

  • on développe une bonne connexion et relation avec l’humain grâce à l’éducation des propriétaires :
    – la connaissance des besoins éthologiques,
    – le langage des signaux émotionnels,
    – le développement du chiot,
    – la communication et le comportement canins,
    – le respect du bien-être mental et physique.

  • se travaille la désensibilisation aux manipulations et contraintes en les rendant « fun ».

  • sont définies les règles de « Bien-vivre Ensemble » pour vivre en harmonie et en pleine sécurité dans un système gagnant-gagnant.

Les bénéfices d’un bon démarrage avec un chiot :

Cela permet la prévention des problèmes de comportement tels que :

  • La réactivité congénères due au manque d’exposition avec des morphotypes et des types de communication différents et variés. (Les brachycéphales émettent souvent des bruits respiratoires gutturaux et leurs dents sont souvent exposés, pouvant constituer une menace pour les autres congénères.)

  • L’anxiété de séparation et désordres d’attachement : environ 20 % des chiots.

  • Les éliminations inappropriées.

  • L’hyperexcitabilité : la privation sociale peut-être une cause de comportements hyperexcitables, stéréotypiques. Un manque de stimulation mentale peut entrainer une incapacité de s’habituer aux nouveaux stimuli.

  • La destruction : les chiots explorent le monde avec leurs bouches, et mâchent beaucoup d’objets, d’où la nécessité de leur permettre une activité masticatoire suffisante.

  • La protection de ressources.

Cela permet également de dépister les chiots « à haut risque ». Tous les problèmes de comportement ne peuvent pas être prévenus par une bonne socialisation, du fait de l’impact de la génétique (agression précoce des propriétaires lors de manipulation, protection de ressources, peur intense envers les humains, agressivité envers les humains et/ou congénères, difficulté d’adaptation, manque total d’indépendance).

Ce premier article vous permettra, je l’espère, de vous poser les bonnes questions pour construire de bonnes petites « pattes » à modeler et les emmener vers le succès en les rendant heureux et en vivant en harmonie en famille…

A la semaine prochaine pour un article sur le développement du chiot avec ses différents périodes de construction et de ses périodes dites « sensibles ».

Avec tous mes remerciements,
bon week-end.

Pat