LES DIFFERENTS ASPECTS DE LA PEUR
Qu’est-ce que la peur ?
La peur est une émotion plus ou moins forte ressentie en présence ou à l’approche imminente d’un danger.
Face à un réel danger, en fonction du contexte et du niveau de la peur, nous avons tous déjà vécu plusieurs types de situations, comme chercher à attaquer, courir en criant car nous le savons « la peur peut donner des ailes », ou encore rester immobile sans voix, tremblotant paralysés et prostrés avec la « chair de poule » …
Les manifestations physiologiques qui accompagnent la peur, telles l’augmentation du rythme cardiaque, l’écarquillement des yeux, la dilatation des pupilles, la transpiration, les contractions musculaires ou la chair de poule comme les poils hérissés, sont dues à la libération d’une hormone, l’adrénaline. Ces modifications physiologiques excessivement rapides permettent de réagir le plus vite possible, pour que l’individu se prépare à fuir ou à combattre, assurant ainsi sa survie.
Il a été identifié des circuits neuronaux impliqués dans la peur et la manifestation de ses réponses comportementales, se situant dans une région du cerveau nommée complexe amygdalien (ou amygdale).
Alors quelles réactions ont nos animaux face à la peur ?
Comme nous, la peur pousse le plus souvent à 3 types de réactions chez les animaux : l’agressivité, la fuite, ou l’immobilisme, qui sont des réflexes dits de défense.
La première réaction peut être confondue avec de la colère, tant l’agressivité en est le support.
Je suis sûre que vous avez déjà vu un chihuahua venir vous menacer dans le but de vous impressionner et de vous faire dégager ? Si cela n’est pas suffisant, il va fuir (deuxième type de réaction) ou encore tenter de vous mordre en montant son niveau d’agressivité si la tentative d’intimidation n’a pas été efficace.
Et si vous continuez encore à résister, il risque fort de battre en retraite et d’aller se réfugier derrière ses propriétaires.
Il est important de bien analyser et se rendre compte que, dans ce type de situation, c’est la peur qui est à l’origine de cette agressivité, qui oblige les animaux ou les hommes à chercher à intimider, dans le but de se faire respecter.
La seconde réaction, la fuite rapide, est parfois salutaire dans certaines situations à risque ; c’est une réaction demandant aussi beaucoup d’énergie immédiatement disponible.
La troisième réaction est l’immobilisation, la prostration en cherchant à se cacher et se faisant le plus petit possible.
Spécificités animales
Nous avons vu que le chien peut adopter tout type de réaction comme nous les humains, en fonction du contexte, du tempérament de chaque individu, du niveau de danger, des expériences antérieures et de leurs conséquences propres pouvant modifier toute stratégie.
Par exemple si un chien grogne face à un danger et qu’il est puni, sa stratégie se modifiera et il passera à l’étape supérieure, en adoptant directement un comportement agressif, sans phase de menace…
Les chats peuvent adopter les mêmes attitudes que les chiens. Pour protéger une ressource devant un congénère, le chat va menacer, feuler et se grandir, prêt à attaquer pour impressionner, mais il va fuir le plus vite possible si son adversaire s’oppose encore…
A l’état sauvage, le cheval est une proie. Ne disposant d’aucun moyen de défense (crocs, griffes, cornes), le cheval fuit face au danger. Sa vitesse est un véritable atout.
Le cheval fait partie des espèces nidifuges. En effet, un poulain doit être capable de se mettre debout à peine quelques heures après sa naissance et de galoper pour tenter de survivre.
Les yeux du cheval sont situés sur les faces latérales de la tête afin qu’il bénéficie d’une vue à quasi 360° lorsqu’il tourne la tête. Cette disposition des yeux est typique des espèces prédatées.
« Se figer » permet de passer inaperçu des prédateurs qui détectent leurs proies par leurs mouvements.
« Faire semblant » d’être mort peut-être une stratégie efficace contre certains prédateurs.
Alors que faire ?
Nous analysons souvent mal et ne comprenons pas l’apparition de comportements agressifs de nos chiens, comme par exemple quand ils sont tenus en laisse trop courte, dans la voiture, contraints sous la table de la cuisine ou dans leur panier dans une pièce très petite, leur interdisant toute fuite et par voie de conséquence entraînant menaces, et plus s’ils sont punis…alors que nous les aimons ! Nous les traitons de mauvais chiens, de chiens méchants…alors qu’ils sont empreints de peur !
Je pense que l’une des choses les plus importantes que nous pouvons changer est la façon dont nous traitons les animaux….
Une punition, un coup de collier étrangleur à un chien réactif, ne peuvent en aucun cas améliorer une émotion de peur, et ne peuvent qu’aggraver la réactivité par association négative, par sensibilisation et par généralisation. De plus vous risquez d’altérer une bonne relation de confiance.
Parallèlement, la correction d’un cheval semblant distrait ou inquiet ne devrait jamais être utilisée. Au contraire, il faut le laisser s’approcher, toucher, et même le récompenser de son exploration des choses qui l’inquiètent.
Punir les réponses de la peur, et ajouter plus de pression sur une situation déjà à « haute pression » ne fera qu’ajouter du stress, entraînant souvent une » explosion « , en rendant l’animal encore plus inquiet, par conséquence, désagréable.
Par contre, au fil du temps, certains chevaux inquiets ayant appris à regarder et explorer, deviennent plus calmes et plus concentrés et donc moins susceptibles de s’éteindre ou de figer, car plus confiants.
Il est toujours très intéressant de travailler en associant de façon classique pavlovienne la chose effrayante avec de bonnes choses (nourriture ou autres), en respectant toujours une distance de confort pour que l’animal puisse apprendre sans tomber dans ses réactions de défense évoquées ci-dessus.
Par exemple, si je vous mets dans une pièce où il y a mille araignées, qui vous terrorisent, et que je vous critique en vous disant que c’est ridicule d’avoir si peur, ou encore que je vous offre votre dessert préféré, pensez-vous pouvoir le manger avec plaisir ? Pouvez-vous apprendre que les araignées sont des bestioles agréables ? Deviendrez-vous figé, prostré ou agressif envers moi ? Et allez-vous m’aimer ou me détester ?
Et oui, tenter de faire disparaître les émotions de peur en punissant ou en forçant l’attention ne marche pas. Mais à contrario, il est essentiel de renforcer la confiance en encourageant le calme à travers le confort et le conditionnement classique positif.
Il existe différentes méthodes de rééducation comportementale devant être adaptées à chaque individu, à chaque espèce et à chaque contexte, en analysant toujours le but du comportement avec ses facteurs déclenchant et ses conséquences.
Merci de votre attention.
Pat Rérolle