Les exercices de prévention des problèmes de comportement et leur gestion sont importants pour contrôler ce que le chiot apprend, tout en l’empêchant d’apprendre des comportements indésirables. La prévention est plus facile que la résolution.

De nombreux comportements problématiques pour les humains sont tout à fait acceptables et appropriés dans le monde canin.  Le chiot fera ce qui lui vient naturellement, comme explorer le monde avec sa bouche. Les chiots sont opportunistes et ne connaissent pas la différence entre un jouet et une paire de chaussures de marque ayant couté cher.

Il faut déterminer la motivation et les conséquences du comportement choisi par le chiot afin d’aller au devant  de celui-ci ou de le faire disparaître.

Modèle de résolution de problèmes

Voici une approche par étape avec l’aide de l’analyse fonctionnelle du comportement : 

  • Étape 1 : Identifiez les ABC

A : Antécédent : ce sont les déclencheurs du comportement.
B : Behavior (Comportement) : Problème réel ou comportement indésirable du chien.
C : Conséquence : les bienfaits dudit comportement perçus par le chien.

A – Quel est le déclencheur ou les stimuli qui induisent le(s) comportement(s) non désirés ?
L’antécédent peut être lié à une interaction sociale (humain ou autre animal), un son ou un objet inanimé. Plusieurs déclencheurs peuvent être identifiés et l’antécédent peut-être spécifique au contexte. Parfois, l’antécédent n’est pas identifiable et peut être lié à la motivation interne ou aux besoins du chien. Par exemple, le chiot peut avoir faim et la tentation d’un sandwich juste à sa portée peut être irrésistible…

B – Définir si le comportement est crucial pour résoudre le problème. Quel est le problème ou comportement indésirable ? Observer le langage corporel de votre chien et avoir une compréhension de ce qu’est un comportement normal ou anormal est utile. Le comportement réel peut donner un aperçu de l’antécédent ou du déclencheur, en particulier lorsqu’il est lié à la motivation interne.

C – La conséquence du comportement doit être vue du point de vue du chien. Premièrement, quel bénéfice le chien a-t-il retiré de son comportement ? Deuxièmement, surtout dans des contextes sociaux, demandez-vous comment la conséquence de ce comportement affecte les autres.

  • Étape 2 : Motivation

Identifier les « ABC » donnera souvent un aperçu de la motivation. Les comportements offrent un avantage immédiat au chiot.

Par exemple : une vessie pleine est vidée et le chiot se sent mieux. Un chiot qui saute, obtient de l’attention même si on dit « non ».

  • Étape 3 : Prévention, gestion de l’environnement

Une fois l’ABC et la motivation déterminés, la capacité à prévenir ou à gérer le comportement doit être explorée, le plus souvent en anticipant et en contrôlant l’environnement.

  • Étape 4 : Résolution de problèmes

Si le comportement ne peut pas être évité, il existe deux options :

Ignorer

Si la motivation et la conséquence du comportement sont l’attention humaine, le comportement doit être ignoré, sauf s’il y a un passé important de renforcement positif. C’est l’exemple du chiot qui saute : en lui disant « Non » il a obtenu de l’attention et a été renforcé…

Ignorer signifie :

  • ne pas regarder le chien,
  • ne pas lui parler,
  • ne pas le toucher.


Avant l’extinction du comportement, il y aura une phase d’augmentation du comportement pendant environ 2 semaines (appelé « pic de communication »).

Substitution de réponse : les renforcements différentiels

DRI : renforcement différentiel incompatible

DRA : renforcement différentiel alternatif ayant la même fonction

DRO : renforcement différentiel autre

Le chiot qui saute :
Apprendre au chiot une autre compétence, un comportement approprié incompatible ayant la même fonction, à savoir un DRA la recherche de l’attention, comme par exemple s’assoir calmement ou faire une révérence…

Le chiot qui mord :
Le jeu « mordant » est un comportement normal, naturel et nécessaire des chiots. La motivation du comportement est le jeu, l’exploration ou la quête d’attention.

Prévention et gestion : redirigez le chiot vers des jouets à mettre en bouche et mastiquer.

Résolution de problème : le retrait immédiat de l’attention est la méthode la plus efficace, sans réprimander car cela peut augmenter l’excitation du chiot.

Vocaliser peut augmenter l’excitation de votre chiot, renforcer le comportement ou induire une peur. Dès que le chiot touche votre peau ou vos vêtements avec ses dents, figez-vous et retirez-vous lentement de la situation calmement. Levez-vous tranquillement, croisez les bras, détournez le regard et partez. Ce devrait être votre réponse immédiate et cohérente.

Lorsque le comportement entraîne des vêtements déchirés ou des blessures physiques, il est impossible d’ignorer, retirer votre attention pendant quelques secondes et rediriger le chiot après lui avoir appris une autre compétence.

N’utilisez aucune punition positive par le biais de réprimandes verbales ou physiques. La punition des morsures de jeu n’apprend pas au chiot comment interagir de manière appropriée et peut causer ou contribuer au développement de graves comportements agressifs.

Il est important d’augmenter l’activité masticatoire.

Un chiot qui tire à la corde :

Tirer à la corde est un jeu interactif, énergique et approprié pour jouer avec un chiot après sa période de socialisation. Jouer avec un chiot est important car cela favorise la relation sociale.

Comment jouer au Tir à la corde :

Vous devez débuter et terminer le jeu de tir à la corde. Toute tentative inappropriée, excessive et trop excitée du chien pour obtenir le jouet doit mettre immédiatement fin au jeu.


Un chiot qui vole des objets
 :

ABC et motivation

Les chiens sont opportunistes et ils ont un excellent odorat. Les chiens sont aussi curieux et explorent leur monde avec leur bouche.  Le chien est susceptible de vérifier le plan de travail de la cuisine, les poubelles ou la table basse en quête de nourriture ! La motivation est d’explorer et de satisfaire ses papilles gustatives…

Si ce comportement est très payant de façon occasionnelle, cela deviendra un comportement très résistant à l’extinction. DE la même façon qu’il nous est difficile d’arrêter de jouer à la machine à sous en gagnant parfois le gros lot.

Anticiper en gérant l’environnement, en rangeant le plan de travail, en empêchant l’accès à la cuisine, aux poubelles et comptoirs, en nettoyant et plaçant la poubelle dans un placard.

Apprendre au chiot à ne pas prendre un objet, à l’apporter et à le donner.

Un chiot qui mastique tout et détruit :

La mastication est un problème de comportement courant chez les chiots. La motivation est souvent un comportement exploratoire normal des chiots et des chiens adolescents.

Si la mastication est excessive ou seulement associée à votre départ, attention aux anxiétés de séparation débutantes, qu’il faudra travailler par désensibilisation systématique.

Bloquer l’accès aux objets inappropriés et fournir des jouets à mâcher de plus grande valeur

Le manque de stimulation peut entraîner également une mastication excessive.


Un chiot qui creuse 
:

ABC et motivation

Creuser peut se produire pour une multitude de raisons. La motivation peut inclure :

    • Thermorégulation : Pour garder au chaud ou au frais à l’extérieur pendant une période prolongée
    • Chasse : Insectes ou autres animaux. Les chiens peuvent sentir et entendre les animaux dans le sol.
    • Enterrer : Cacher un objet précieux à récupérer plus tard.
    • Fuite ou fugue
    • Anxiété : panique en cas d’orage


C’est un comportement auto-gratifiant.

  • Prévoir un endroit approprié pour creuser comme un bac à sable où il est possible d’enfouir des jouets.
  • Faire creuser des endroits inappropriés aversifs en plaçant les excréments du chien dans le trou, ou ne pas permettre l’accès.
  • Redirigez votre chien vers un autre comportement approprié, en le stimulant à des heures différentes de la journée.


Le chiot apprend à être seul :

Les chiens sont des animaux sociaux et il n’est pas naturel qu’ils soient laissés seuls pendant des périodes de temps prolongées. La plupart des chiots montreront de légers signes de stress lorsqu’ils sont séparés pour la première fois de leur mère et de leur fratrie. L’anxiété de séparation est un trouble commun des chiens, qui montrent alors des signes de détresse et peuvent paniquer lorsqu’ils sont séparés de leur figure d’attachement.

Ces signes de détresse peuvent inclure des aboiements, des gémissements, en hurlant, faisant les cent pas, bavant, mâchant, détruisant, urinant et déféquant lorsqu’il est laissé seul ou confiné loin des gens. La motivation pour le comportement est la panique et un désir intense d’interaction sociale.

L’anxiété de séparation est le trouble comportemental le plus courant chez les chiens. Il est essentiel d’apprendre à votre chiot à être indépendant.

Faire une désensibilisation systématique en observant le chiot avec l’aide de caméras.

Le chiot et la gamelle :

Pour prévenir l’agression du bol de nourriture, nourrissez votre chiot dans une zone à faible trafic et ramassez le bol quand il est hors de vue. Si votre chiot ou votre chien adulte n’a jamais montré de l’agressivité à propos de sa nourriture, apprenez-lui à aimer avoir des gens autour de lui en le nourrissant à la main ou en jetant des friandises spéciales dans le bol quand il est en train de manger. La plupart des chiens n’aiment pas être caressés en mangeant. Il est quelque peu normal qu’un chien défende sa nourriture des autres animaux de la maison. Dans les familles comptant plusieurs animaux de compagnie, il est préférable de fournir à chaque animal son propre lieu d’alimentation. Les chiens doivent être nourris à partir de bols séparés dans divers emplacements de la maison. Cela minimise la concurrence sociale sur la nourriture en tant que ressource.

L’agression sur la nourriture envers les personnes est une alerte prédisant l’agression une fois adulte.

Lorsque vous faites des exercices de bol de nourriture, nous voulons que le chiot apprenne que les gens autour du bol ne sont pas une menace. N’éloignez jamais le bol de nourriture de votre chien pendant qu’il mange. Retirer à plusieurs reprises le bol de nourriture ou les aliments, quand le chien mange ne lui apprend pas à être à l’aise avec les personnes proches de lui, mais au contraire peut susciter des menaces et des comportements agressifs.

 

Le chiot n’aime pas les manipulations :

Pour rendre la manipulation moins agressive, le chien doit apprendre à associer le fait d’être touché et de gagner des friandises. L’entraînement au clicker ou au marqueur peut être très efficace pour désensibiliser un chien à la manipulation.

Il faut travailler la sensibilité au cou par désensibilisation et le travail du « cou mou ».


Le chiot apprend la contention :

La contention fait référence au fait de tenir physiquement un chien immobile et est souvent utilisée pendant les procédures vétérinaires de routine. Les chiens apprennent très vite que quelque chose de désagréable est sur le point de se produire lorsqu’ils sont retenus. Grâce à l’expérience, ils apprennent que lorsqu’ils sont tenus immobiles, ils peuvent se faire couper les ongles, température prise, vaccins administrés, prise de sang, oreilles nettoyées ou corps soigné. Pas étonnant que de nombreux chiens essaient de l’éviter ! Grâce à la désensibilisation et au contre-conditionnement, de nombreuses procédures de manipulation peuvent être effectuées :

Le chiot doit être calme et détendu avant de commencer les exercices.

    • Placez doucement un bras autour de votre chiot et cliquez. Libérez et offrez une friandise. Le bras passe ensuite sur son dos et sous le ventre/poitrine.
    • À chaque répétition consécutive, augmentez progressivement la pression et/ou durée, en allant au rythme du chiot pour éviter tout stress.


Le chiot doit être conditionné à la muselière
 :

Apprendre à votre chiot à être à l’aise et à aimer porter une muselière en panier peut-être nécessaire. Les muselières de type « panier » sont plus sûres pour votre chien car elles lui permettent de haleter et réguler sa température corporelle. Les trous dans le panier permettent également l’administration de friandises pour le contre-conditionnement. Grâce à la désensibilisation et le contre-conditionnement, la plupart des chiens apprennent à aimer cette procédure.

Le chiot vivant avec des enfants :

Grandir avec un chien peut être bon pour la santé et le développement d’un enfant. Malheureusement, les morsures de chien impliquant des enfants sont une préoccupation réaliste.

La majorité des morsures de chien impliquent de jeunes enfants et des interactions avec un familier ou un chien de famille à la maison. La prévalence des morsures de chien chez les enfants est de 2,2 % et est le double par rapport à la population générale. La majorité des enfants souffrent de blessures au visage à la suite de morsures de chien. L’âge moyen des enfants est de 5 ans, les garçons étant plus souvent mordus que les filles. Un chien bien familiarisé avec les enfants est moins susceptible de mordre par peur et agressivité.

Les précurseurs de comportements agressifs, en particulier envers les enfants, comprennent un manque d’enseignement des enfants, peu ou pas de familiarisation du chiot avec les enfants, garde de ressources sur la nourriture, les jouets et les lieux, sensibilité au toucher, peur des humains, ou encore instinct de poursuite.

Les enfants doivent apprendre à demander la permission d’approcher et de caresser un chien inconnu.

Comportements que les enfants doivent absolument éviter :

    • Jeu brutal, manipulation ou caresses,
    • Courir ou poursuivre le chien.
    • Ramper, grimper ou se coucher sur le chien.
    • Atteindre les chiens inconnus ou du voisinage pour les caresser.
    • Taquiner, railler, grogner ou aboyer après un chien.
    • Réprimandes physiques ou verbales.

Chaque chien a le potentiel de mordre ou de montrer de l’agressivité. Pour certains chiens, le seuil d’agressivité est plus bas que d’autres. Par ailleurs certaines conditions médicales entraînant des douleurs ou malaise peuvent réduire la tolérance.

Il est anormal de penser que tous les chiens doivent tolérer un comportement inapproprié de la part des enfants.
 

Savoir reconnaître les comportements normaux et les comportements anormaux

Le rôle des éducateurs canins est d’informer les propriétaires sur les besoins éthologiques et le langage corporel de leur chiot.

Pendant l’école du chiot, il est important d’évaluer les tempéraments des chiots, d’observer leurs comportements et d’ensuite : 

    • Améliorer leur socialisation et leur familiarisation.
    • Leur apprendre la solitude et la contrainte.
    • Désensibiliser les peurs.
    • Prévenir le harcèlement de certains chiots.
    • Prévenir et gérer l’instinct de poursuite.
    • Observer les comportements agressifs et les évaluer en comportement versus anormal :


Comportement agressif normal

    • Approprié en raison du contexte.
    • Durée appropriée.
    • Sévérité appropriée, avec peu ou pas de blessures.
    • Fréquence appropriée (seulement en cas de besoin).
    • Séquence comportementale normale et complète.

Comportement agressif anormal

    • Inapproprié et difficile à expliquer dans les circonstances
    • Durée excessive
    • Sévérité excessive
    • Fréquence excessive
    • Séquence comportementale modifiée, incomplète, avec absence de phase

En conclusion : qu’est-ce qu’une bonne école des chiots ?

C’est un lieu :

1 – où l’on informe les propriétaires :

  • sur la façon dont un chiot intègre l’apprentissage,
  • sur les besoins éthologiques du chiot, son besoin de sécurité, 
  • sur la nécessité d’une bonne relation de confiance, d’une bonne connaissance de la communication du chiot.

2 – où l’on apprend à : 

  • Continuer une bonne socialisation et familiarisation.
  • Désensibiliser les peurs.
  • Travailler et rediriger les chiots en cas d’instinct de poursuite.
  • Apprendre les règles de mieux vivre ensemble, avec harmonie, à travers un système gagnant-gagnant.
  • Dépister précocement les problèmes de comportements, qui s’expriment le plus souvent au moment de l’adolescence des chiens.
  • Apprendre de nouvelles compétences pour les utiliser en renforcement différentiel.
  • Évaluer et gérer les comportements agressifs (normaux versus anormaux).

Avec tous mes remerciements,
bon week-end.

Pat

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