Aujourd’hui, en France, il y a un manque de consensus sur les méthodes éducatives appropriées des chiens.

L’utilisation de colliers étrangleurs, électriques et à pic est très controversée depuis déjà de nombreuses années. Quelques professionnels de l’éducation canine suggèrent que de tels colliers sont efficaces pour modifier le comportement, alors que d’autres les trouvent violents et évitent de les utiliser.

Les professionnels animaliers devraient tous fonder le choix de leurs méthodes d’entraînement impérativement sur les données scientifiques internationales, qui doivent être régulièrement consultées, après avoir eu une formation certifiante sérieuse, théorique et pratique, basées sur l’analyse des sciences du comportement.

Il existe de nombreuses disciplines scientifiques différentes, chacune avec son propre objectif et ses propres méthodes qui contribuent à comprendre les différentes pièces du puzzle du comportement. Il y a l’éthologie, les sciences animales, la zoologie, les neurosciences, la psychologie cognitive et la neuropsychologie pour n’en nommer que quelques-unes… La science la plus étroitement associée à la théorie de l’apprentissage est connue sous le nom d’analyse du comportement, qui étudie les relations fonctionnelles entre le comportement et les événements environnementaux.

Etudes sur l’utilisation des colliers coercitifs

Les données sur la relation entre l’utilisation de colliers électriques et le comportement des chiens sont décrites lors de nombreuses études internationales.

L’entraînement avec les colliers électriques est associé à de nombreux risques bien documentés concernant la santé, le comportement et le bien- être des chiens. Quand ils sont utilisés pour traiter les problèmes de comportement, il existe un risque significatif qu’il y ait aggravation ou émergence de problèmes comportementaux supplémentaires.

Par exemple, les effets de l’utilisation de colliers électriques ont été examinés dans une étude randomisée, qui a observé directement des chiens formés comme chiens policiers, chiens d’assistance ou chiens de garde (Schilder et van der Borg, 2004).

Les chercheurs ont comparé et observé le comportement des chiens qui ont été choqués lors d’entraînements passés, avec des chiens qui n’avaient jamais reçu de chocs auparavant. Le groupe de chiens ayant subi l’utilisation de ces outils coercitifs vocalisent plus et présentent des postures corporelles associées au stress ou à la peur, bien sûr lors des sessions d’entraînement, mais aussi à l’extérieur, en présence des maîtres-chiens, suggérant que les chiens ont associé le stimulus aversif à la présence de leur maître.

Malgré de nombreuses études recommandant depuis des années l’utilisation des méthodes par renforcement positif, y compris une étude récente (Ziv, 2017), de nombreux propriétaires, et malheureusement encore trop de professionnels, continuent d’utiliser la punition positive et le renforcement négatif pour faire céder l’animal et le soumettre, à la suite d’une théorie de « dominance » sévissant depuis 1947. Cette notion de « dominance » hypothétique est monnaie courante, tout en étant obsolète déjà depuis plus de vingt ans, quand un zoologiste observa des loups en milieu naturel et non en captivité.

La littérature scientifique confirme que le comportement agressif et les autres problèmes de comportement ne sont pas le résultat de comportement « dominant » du chien ou absence du statut « alpha » du propriétaire, mais le résultat de la peur (légitime défense) et/ou des problèmes d’anxiété (Guy et al., 2001a,b ; Mertens, 2002 ; Luescher et Reisner, 2008).

Aussi, en 2004, Bradshaw and al. démontrait que les méthodes utilisant la punition augmentaient de façon significative le nombre de comportements problématiques chez le chien, en créant une anxiété et des conflits. Par ailleurs, l’éducation canine basée sur la punition ne réduit pas l’incidence des comportements problématiques, et ainsi n’a aucune valeur éducative.

De nombreuses études de référence ont donc notifié depuis des années, qu’il y a une association entre l’utilisation des méthodes aversives avec des comportements indésirés et une augmentation de la survenue de comportements agressifs, entraînant abandon et euthanasie.

En effet, les problèmes de comportement sont la première cause d’abandons et de décès de chiens de moins de 3 ans par euthanasie.

(American Veterinary Society for Animal Behavior 2008, Durrant et Ensom, 2012 ; Sidman, 2000).

Les méthodes coercitives comportent des risques réels :

  • Peur, anxiété.
  • Stress conduisant à l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (axe HPA) entraînant une libération de corticostéroïdes (Henry et Stephans, 1977). Bien que ces méthodes coercitives puissent être efficaces pour une interruption momentanée d’un comportement, la punition seule est un moyen inefficace d’entraîner un animal à effectuer un comportement spécifique (Mills, 2002).
  • Les propriétaires de chiens aux comportements agressifs envers les membres de la famille sont particulièrement à risque de morsures et de blessures – et leurs animaux de compagnie à risque d’abandon ou d’euthanasie lorsque certaines méthodes aversives sont utilisées. Finalement, le dressage basé sur la récompense est moins stressant ou douloureux pour le chien, et, par conséquent, plus sûr pour le propriétaire et les membres de sa famille. Il est important que les vétérinaires informent les propriétaires des risques associés à des méthodes d’entraînement aversives, malgré leur prévalence dans les médias populaires.

Stress et apprentissage

L’utilisation de techniques basées sur des punitions pour modifier le comportement d’un chien est souvent contre-productive. Il existe une relation complexe entre les réponses physiologiques au stress et la diminution de la capacité d’apprentissage.

(Joels et al. 2006 ; Mendl, 1999).

  • Association d’évènements coïncidant avec l’événement provoquant la peur. Il y a un réel danger qu’une association indésirable soit faite entre la punition désagréable et certains stimuli fortuits, comme la présence d’une personne ou d’un autre animal, d’où une émergence de comportements agressifs.
  • Induire un nouvel évitement ou une réponse agressive.
  • Semer la confusion quant au comportement requis.
  • Causer des blessures physiques.
  • Affecter négativement la relation entre chien et propriétaire.

Bien que certains auteurs aient préconisé l’utilisation de la punition dans le traitement de certains types d’agression chez les chiens, la douleur étant une cause principale d’agression (Johnson, 1972), il est clair qu’il est possible qu’un chien réponde de manière agressive à un chien proche, une personne ou un animal à l’application d’un stimulus douloureux.

Alors, quelle éducation canine proposer ?

Les procédures d’éducation que nous utilisons et notre expertise dans leur utilisation sont deux ressources essentielles pour réduire les erreurs, la frustration et l’agressivité. Certains des outils que nous proposons, en accord avec les lois universelles d’apprentissage, permettent de remplacer les comportements problématiques, en enseignant au chien de nouvelles compétences, le renforcement différentiel de comportements alternatifs ou incompatibles avec le comportement indésirable. L’accent est bien sûr mis sur le renforcement des comportements que nous voulons voir apparaître.

Nous venons d’une culture qui punit très rapidement les comportements.
De toute évidence, l’accès à des renforçateurs positifs est un meilleur facteur de motivation pour le chien que d’échapper à la punition. Nos propres expériences, ainsi que la recherche sur le comportement animal, le confirment.

La science la plus étroitement associée à la théorie de l’apprentissage est connue sous le nom d’analyse du comportement, qui étudie les relations fonctionnelles entre le comportement et les événements environnementaux.

Heureusement, l’enseignement par renforcement positif, qui vient du domaine de la psychologie appelée analyse appliquée du comportement, est une bien meilleure alternative que la punition.

(S. Friedman). 

  • Respecter les besoins éthologiques de chaque animal.
  • Améliorer l’émotion de l’animal et la relation homme-animal permettra de diminuer les comportements d’agression, et un meilleur apprentissage.
  • Modifier l’environnement pour rendre le comportement désiré plus facile et plus gratifiant que le mauvais comportement.
  • Nous passons très peu de temps à nous concentrer sur l’arrêt des comportements problématiques ou sur ce que les chiens ne devraient pas faire (S. Friedman) en évitant de punir de plus en plus sévèrement, entraînant une cascade de comportements agressifs avec ses conséquences désastreuses, comme souvent l’euthanasie. La violence génère la violence, et non l’apaisement.

Sur le plan éthique, il y a une réelle préoccupation depuis des années que l’utilisation des méthodes punitives physiques et psychologiques conduisent à des douleurs et des souffrances, et entraînent une apparition de problèmes de comportements chez les chiens.

L’éducation canine et l’intervention en comportement animal devraient requérir, comme toute profession, un savoir et des formations obligatoires, reconnues, basées sur les sciences du comportement.

Pat Rérolle
Centre du Bien-être Animal Formations

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