Éducation canine : pourquoi bannir les méthodes coercitives ?
Un tournant en France : l’arrêté du 19 juin 2025
Depuis le 19 juin 2025, les colliers étrangleurs, électriques et à pointes sont interdits en France.
Cette décision marque une avancée importante pour le bien-être des chiens.
Pourtant, ces outils sont encore très utilisés par certains éducateurs.
Certains les jugeaient efficaces pour « corriger » un comportement.
D’autres, plus nombreux, dénonçaient leur violence et les refusaient.
Sur quelles bases éduquer un chien aujourd’hui ?
Les professionnels doivent s’appuyer sur des données scientifiques solides.
L’éducation canine ne s’improvise pas. Elle demande une formation sérieuse, théorique et pratique.
Les sciences du comportement (éthologie, psychologie, neurosciences, analyse comportementale…) apportent des réponses précises.
Elles permettent de comprendre les vraies causes d’un comportement et d’y répondre sans violence.
Ce que dit la recherche sur les colliers étrangleurs et électriques
De nombreuses études démontrent les effets néfastes de ces colliers » de dressage ».
Ils provoquent du stress, de la peur et des troubles émotionnels durables.
Une étude marquante (Schilder & van der Borg, 2004) a observé des chiens d’assistance et de sécurité.
Les chiens exposés aux chocs montraient plus de signes de stress, même en dehors des entraînements.
Le simple fait de voir leur maître suffisait à raviver leur peur.
Une croyance dépassée : la « dominance »
La théorie de la « dominance » justifie encore l’usage de la punition.
Pourtant, elle est scientifiquement obsolète depuis plus de 20 ans.
Les chiens n’agissent pas par volonté de « dominer ».
Les comportements agressifs sont souvent liés à la peur ou à l’anxiété.
(Guy et al., 2001 ; Mertens, 2002 ; Luescher & Reisner, 2008)
La punition ne résout rien
La punition peut stopper un comportement sur le moment.
Mais elle n’apprend rien de durable au chien.
Pire encore, elle crée du stress, de la confusion et aggrave les problèmes.
Des études (Bradshaw et al., 2004 ; Mills, 2002) montrent que ces méthodes augmentent les comportements agressifs.
Elles détériorent la relation entre l’animal et l’humain.
Un enjeu de taille : l’abandon, voire l’euthanasie
Les troubles du comportement sont la première cause d’abandon et d’euthanasie chez les chiens de moins de 3 ans.
(American Veterinary Society for Animal Behavior, 2008)
Punir, c’est souvent empirer la situation.
Cela pousse certains chiens à mordre, fuir ou se refermer sur eux-mêmes.
Cela pousse certains humains à baisser les bras.
Stress et apprentissage ne font pas bon ménage
Le stress bloque les capacités d’apprentissage.
Il rend le chien moins attentif, moins réceptif, plus anxieux.
(Joels et al., 2006 ; Mendl, 1999)
Un chien stressé apprend mal.
Il associe parfois la punition à la mauvaise chose : un lieu, une personne, un autre animal.
Cela entraîne peur, agressivité ou retrait.
L’alternative : éduquer avec bienveillance basée sur la science
Il existe une autre voie.
Une voie efficace, respectueuse, basée sur les lois de l’apprentissage.
Le renforcement positif permet de renforcer les bons comportements.
Il évite la violence et les conflits.
Il valorise les compétences du chien et renforce la relation avec l’humain.
Notre mission : former autrement
Nous venons d’une culture qui punit vite.
Mais il est temps de changer notre regard.
Renforcer les bons comportements fonctionne mieux que de punir les mauvais.
Respecter les besoins du chien, adapter l’environnement, améliorer ses émotions… tout cela favorise un apprentissage serein.
Conclusion : vers une éducation canine éthique
L’éducation canine ne doit plus être laissée au hasard ou à la tradition.
Elle doit reposer sur la science, l’éthique et la bienveillance.
La violence génère la violence.
Elle n’a jamais aidé un chien à mieux comprendre son monde.
Professionnels ou particuliers, nous avons tous un rôle à jouer.
Apprenons à éduquer autrement. Pour le bien de nos chiens, et de notre lien avec eux.
Pat Rérolle
Centre du Bien-être Animal – Formations