Article publié le 25/01/2021 – Mis à jour le 16/02/2024

Chien-en-laisse

Les actes de cruautés envers les animaux domestiques enregistrés par la police et la gendarmerie ont augmenté de 30% en cinq ans*. Parmi les animaux victimes de maltraitance active, 46% sont des chiens. De nombreuses associations de défense animale luttent jour après jour contre cette maltraitance. Grâce à sa médiatisation, nous sommes tous conscients de cette maltraitance active mais il existe une autre forme de maltraitance animale : la maltraitance passive.

D’où cette interrogation : « Sommes-nous maltraitants sans le savoir avec nos chiens au quotidien ? »

Que dire de la vie de beaucoup de chiens ?

Tout d’abord, il faut prendre conscience que nos animaux de compagnie sont captifs. En effet, nous décidons à leur place quand ils doivent manger, dormir et éliminer. Nous leur imposons notre rythme de  vie : qu’en est-il alors de leur bien-être ? Nous posons-nous les bonnes questions chaque matin sur les besoins éthologiques de nos chiens, sur leur équilibre de vie, sur notre relation mutuelle, etc ?

Bien-être animal : définition

L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) donne une définition du bien-être animal qui fait aujourd’hui référence dans le domaine. Cette définition renvoie aux grands principes énoncés par le Farm Animal Welfare Council (FAWC), organisation britannique, connus sous le nom des 5 libertés fondamentales :

  1. Ne pas souffrir de faim et de soif, grâce au libre accès à de l’eau fraîche et à un régime alimentaire apte à entretenir pleine santé et vigueur ;

  2. Ne pas souffrir de contrainte physique, grâce à un environnement approprié, comportant des abris et des zones de repos confortables ;

  3. Être indemne de douleurs, de blessures et de maladies grâce à la prévention ou au diagnostic et au traitement rapide ;

  4. Avoir la liberté d’exprimer des comportements normaux, grâce à un espace et à des équipements adéquats, et au contact d’animaux de la même espèce ;

  5. Être protégé de la peur et de la détresse, grâce à des conditions d’élevage et à un traitement évitant la souffrance mentale.

En France, le 16 février 2015, la loi relative à la modernisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures modifie de nouveau le code civil en qualifiant les animaux comme des êtres doués de sensibilité : 

Art. 515-14.
 « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. »

La maltraitance passive : encore trop méconnue

La maltraitance active est souvent diffusée et dénoncée dans les médias et sur les réseaux sociaux. Toujours très choquante par la cruauté des violences exercées envers de nombreux animaux, que ce soit dans le milieu professionnel ou privé, en milieu rural ou urbain, cette maltraitance suscite l’indignation des amoureux des animaux.

De nombreuses associations de protection animale exposent un grand nombre de faits scandaleux, afin de sensibiliser la population et les pouvoirs publics. Malheureusement, la justice ne semble pas appliquer de sanctions à la hauteur du niveau de tortures insupportables subites…

En revanche, aucune sensibilisation n’est faite sur la maltraitance passive, qui est la partie invisible de l’iceberg, car très fréquente, quotidienne, banalisée et non reconnue. La cruauté intentionnelle envers les animaux est fortement corrélée à la violence contre les personnes, en particulier les enfants. 

Les données sur les cas de violence ont montré que les victimes principales sont les animaux domestiques (chat, chien, cheval) et le bétail.

La maltraitance passive : en quoi consiste-t-elle ?

Voici quelques exemples de mauvais traitements infligés aux chiens dont nous sommes hélas témoins tous les jours. Ces actes sont perpétrés et encouragés par certains professionnels encore trop nombreux et ce, malgré les nombreuses études scientifiques publiées depuis quelques décennies prouvant leur impact important et délétère sur les comportements agressifs de beaucoup d’animaux :

  • Port du collier étrangleur dit « collier de dressage », utilisation du collier électrique, collier anti-aboiement promulgués par certaines sociétés reconnues comme la SCC et la Fédération de Chasse, qui permettent encore l’autorisation et la vente en France de ces outils coercitifs, contrairement à beaucoup de nos pays voisins. Une instruction avait été conduite début 2023 à l’Assemblée Nationale par Corinne Vignon, mais n’a malheureusement pas abouti… C’est une maltraitance active banalisée, où les personnes donnent des coups de collier pour rien et n’importe quoi, avec des incidences médicales non négligeables sur la thyroïde et la trachée, De plus ces gestes punitifs douloureux n’apportent aucune sorte d’apprentissage, sinon le fait de se soumettre à un « Maître Humain » ;
  • Avoir une laisse très courte ne permettant au chien de renifler et de profiter de sa promenade ;
  • Utiliser les punitions ou pressions comme seule méthode d’éducation, entraînant des détresses acquises et des troubles de relation Animal-Humain ;
  • Enfermer les chiens en cage porte fermée durant des heures, pour éviter qu’ils détruisent par exemple, alors que les causes réelles ne sont pas analysées et traitées ;
  • Laisser des chiens à l’intérieur sans possibilité d’éliminations durant plus de 5 heures ;
  • Laisser un chien seul dans un jardin, sans activité ;
  • Le non-respect du chien par des enfants ;
  • Ne pas respecter le sommeil des animaux ;
  • Ne pas respecter les besoins éthologiques de chaque animal ;
  • Ne pas laisser un chihuahua se comporter comme un vrai chien, toujours dans un sac, sans promenade dans le but de le protéger ;
  • Obliger un chien à accepter nos caresses ou celles d’un étranger ;
  • Ne pas fournir une quelconque activité à son chien : activité locomotrice, masticatoire, sociale, mentale ;
  • Donner et retirer la gamelle sous les yeux du chien, pour soi-disant avoir un meilleur contrôle sur l’animal ;
  • Laisser un chien à l’attache à l’extérieur ;
  • Se promener branché sur son smartphone, en tirant le chien comme un boulet sans l’observer et se préoccuper de ses comportements et désirs au cours d’une balade ;
  • Aller dans un parc à chiots, sans observer et gérer certaines interactions négatives entre chiens. Personne n’observe les signaux émotionnels des chiens, qui peuvent être harcelés, prédatés par d’autres…

Je constate fréquemment ces actes de maltraitance passive et j’en suis horrifiée.

Une remise en cause nécessaire

Par ailleurs l’animal est utilisé de façon excessive par l’humain, sans observation de leur état de fatigue, souvent sans respect et contrepartie, en milieu policier, dans des élevages peu scrupuleux, en médiation animale, en sports canins, et même dans certains aéroports où le chien est chargée d’absorber tout le stress du voyageur avant d’embarquer…

Jusqu’à présent, le bien-être animal avait donné lieu à des tentatives avortées, mais il est important pour nous d’aller beaucoup plus loin, afin d’éviter toute intimidation physique et psychologique, souvent prônée par ce concept de dominance** largement démenti depuis déjà des décennies.

Bien entendu, une loi est importante mais ne sera jamais suffisante, car elle ne traitera pas la maltraitance passive si quotidienne… C’est pourquoi chaque propriétaire d’animaux doit s’interroger sur ses propres actions, de se remettre en question, de faire l’effort d’apprendre à lire les signaux émotionnels de l’animal, de se demander si leurs méthodes éducatives sont acceptables, et enfin si leurs animaux sont heureux ou non en respectant leurs besoins éthologiques, et des interactions agréables avec leurs humains.

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Former des professionnels attentifs au bien-être canin

Il serait urgent d’obliger chaque professionnel de valider une formation en renforcement positif basée sur des études scientifiques prouvant l’efficacité de ces méthodes depuis déjà des décennies. Aujourd’hui seule  l‘Acaced* est obligatoire pour pouvoir travailler un chien ou un chat. Pourquoi les coiffeurs sont obligés d’avoir une formation reconnue et non les éducateurs canins ? La coiffure serait-elle plus essentielle que travailler un être vivant sensible capable comme nous d’avoir tant d’émotions (peur, joie, colère…) et de malaises physiques ?

Maintenant à nous de réfléchir, de nous remettre en question, de prendre conscience de nos actions et de faire les bons choix pour rendre nos animaux heureux et aux gouvernants de s’intéresser enfin à la bienveillance animale en : 

  • mettant en place de vrais diplômes de qualité basées sur des connaissances reconnues par de nombreuse études publiées dans le monde entier depuis déjà un demi-siècle.
  • formant de vrais professionnels connaissant et comprenant les lois universelles d’apprentissage, capables de lire le langage corporel de l’animal, d’être sensibles à leurs émotions, capables de gérer tous les problèmes de relation Homme-Animal et les problèmes de comportement. Capables également de donner des conseils avertis et bienveillants aux nombreux propriétaires de chiens ainsi qu’à leurs enfants, au lieu de leur apprendre que la violence et de « casser du chien pour l’obliger à se soumettre », méthode coercitive encore très présente en éducation canine, entraînant des détresses acquises et une augmentation très significative de l’agressivité.

Merci beaucoup de votre attention et très belle journée.

Pat Rérolle

*selon la dernière étude du ministère de l’intérieur – Octobre 2022
** Dominance, mythe ou réalité – Barry Eaton

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